Page:Féret - Les Origines normandes de François Villon - 1904.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
LES ORIGINES NORMANDES


3o Dans le Grand Testament, vers 1701 :

Comme fol, fainctif, eshontez.

Fainctif signifiant trompeur, sournois, est toujours de notre dialecte.


4o Dans le Jargon ou Jobelin, vers 143 :

Quanques vous auront desbousez.

M. Auguste Longnon traduit « quanques » par « tout ce que ». Errat. C’est un mot de notre patois qui signifie « lorsque, quand ». J’en use moi-même si je patoise. L’argot l’avait recueilli chez nous, l’argot né en Normandie[1]. Villon a donc ici deux raisons pour l’employer : il l’a reçu de la tradition familiale et de l’argotique.


5o Ici je transcrirai une observation de M. Longnon : « Il y a lieu de remarquer la terminaison en è pour ai de la première personne du singulier, au prétérit de l’indicatif dont le huitain cxxi du Grand Testament fournit jusqu’à quatre exemples qui, dans les copies successives de ce poème, ont été l’origine de mauvaises leçons. La notation dont je parle, et qu’on retrouve en d’autres passages de Villon, on la retrouve un siècle plus tard dans le journal du sieur de Gouberville, livre de Raison d’un gentilhomme campagnard du Cotentin. »

Je sais des enfants nés à Paris, mais dont les parents sont de Mulhouse, qui ont l’accent alsacien. Villon né à Paris de famille normande, normannyse. C’est logique.

  1. Jargolle ou Jergolle veut dire la Normandie ; Jargollier ou Jergollier, un Normand.

    L’argot est né du langage purin parlé par les classes dangereuses de Rouen. L’argot chuinte comme nous. Capere y a donné chapper, puis chopper, etc. Comme nous, volontiers il nasalise.