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DIMANCHE D’AOÛT

L’air qu’ont brutalisé les cloches tout à l’heure,
Tombant énormes dans les étroites ruelles,
S’assoupit au vol mou des papillons de beurre,
Aux calices hochés de visites charnelles.

Odeurs d’été, de parc ancien, de vieille France
Encor pure du sang de Marie-Antoinette ;
Paix du dimanche, où l’on savoure l’innocence
Du ciel, de l’eau, des fleurs, de son cœur, et des bêtes.

Sur les berges sont assises des jeunes filles
À regarder couler leur fraîche destinée,
Tandis que leurs amants futurs cueillent aux grilles
Le capiteux regret de la belle journée.

Assieds-toi sous ce hêtre où j’engrave ton chiffre.
Lis-moi Ronsard. Ce bois est sien qui va nous rendre
— Prestige des vers vifs où roucoulent des fifres —
Une ombre altière, au fond palpitante, Cassandre.


Arromanches, août 1908.