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À l’École d’Hugo

L’ARGOT

Debout sur la ruine et la ronce, le Vase
Colossal et sculpté d’une nymphe, se fend.
Il pleut, et le beau corps laisse fuir dans le vent
L’eau de ses flancs blessés qui sur les feuilles jase.

Le noir lierre insulte à l’épineux rinceau
De l’acanthe, qu’il rompt avec ses fers de lance.
Et de deux chèvre-pieds la croupe arquée en anse
Le Temps pudiquement a désarmé l’assaut.

Les arbustes avec la tribu des ivraies,
Qui grandirent selon la loi que rien ne vainc,
À l’automne sculptée et à la fleur d’airain
Mêlent leur feuille vive et le poison des baies.

Sur le socle parfois au vol d’un fauve oiseau
Pleut une ignoble étoile. Une toison de mousse
Sur un ventre d’onyx fomente une aîne rousse,
Où la vipère siffle, où grince le museau.