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XIV


On n’a pas oublié que Tobine avait été arrêtée pendant la nuit précédente, puis transportée, par Algedro, dans la maison d’un des serenos, complice aveugle et complaisant des coups nocturnes des deux bandits. Il est donc utile que nous expliquions comment Tobine s’était trouvée dans la chambre de madame Daguilla, au moment où le marquis déposa sur le lit sa femme à moitié évanouie.

La jeune mulâtresse avait été confiée avec force recommandations à la femme du sereno, recéleuse ordinaire des objets volés, bien apte par conséquent à conserver une esclave que l’on pouvait, à la rigueur, considérer comme une proie d’une certaine valeur, Tobine, dans la grave situation où elle se trouvait, n’avait été préoccupée que d’une chose : la disparition du billet qu’elle s’était chargée de remettre à André. Peu lui importait le reste ; ni son emprisonnement qui ne pouvait être, dans sa pensée, que momentané, ni les conséquences de son absence de la maison du maître ne l’inquiétaient.