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XIII


Le marquis Daguilla avait pris, pour rentrer à la Havane et gagner son hôtel, les rues les plus désertes. Bien que le guide d’André lui eût fait faire de longs détours pour le conduire à la Magnificencia, ce pavillon de plaisance n’était guère à plus d’un mille de la ville. Il ne fallut donc pas beaucoup de temps à la volante conduite par le marquis pour arriver au terme de sa course. Antonia venait à peine de reprendre ses sens, et elle commençait d’entr’ouvrir le rideau de soie qui fermait la voiture au moment où le cheval s’arrêta devant la petite porte du jardin par laquelle Joséfa avait fait sortir André le soir de sa chute.

En se posant sur le marchepied pour descendre de la volante, Antonia vit devant elle son mari. Le souvenir de la scène horrible à laquelle elle venait d’assister se représenta devant elle. Elle s’accrocha aux brancards de la voiture pour ne pas tomber, et d’une voix défaillante :