de ses traits. Elle examina tout autour d’elle avec précaution, puis fit mine de passer tranquillement son chemin ; mais arrivée à deux pas d’André, elle murmura le nom du jeune officier.
— C’est moi, répondit celui-ci en laissant tomber le pan relevé de son puncho.
La femme s’approcha vivement alors de lui, et retirant de dessous sa mante un bouquet :
— Vous comprenez, n’est-ce pas, seigneur ?
André prit le bouquet, offrit son bras à la messagère voilée, et entra avec elle sous la voûte de la longue allée. Quand José eut vu son maître à quelque distance, il sortit de sa cachette, se coucha pour ainsi dire à plat-ventre, et le surveilla de loin. Deux ou trois fois la compagne d’André avait retourné la tête, croyant entendre du bruit.
— Que craignez-vous donc ? lui demanda celui-ci.
— Je crains qu’on ne nous suive.
— Soyez sans inquiétude. Si quelque téméraire se jetait à travers nos pas, j’ai, pour le recevoir, un bon poignard et deux excellents pistolets.
— Vous vous armez ainsi pour aller au bonheur ? murmura la femme d’un air étonné.
— Pourquoi pas, répliqua André. Sait-on jamais où nous mène le bonheur ? Mais, dites-moi, reprit-il, vous voilà encapuchonnée au point que je puis dire que je marche à côté d’un mystère…
— Oh ! n’allez pas vous méprendre ! et il est inutile, seigneur, de me presser ainsi le bras et la main ; vous semez en terre stérile. Je ne suis pas le bonheur, je ne suis que le chemin qui y conduit.
André reconnut parfaitement le timbre de voix de la femme qui l’avait arrêté la veille au soir dans la rue.
José les suivait toujours à distance, eu rampant dans les herbes comme un véritable serpent. André et sa com-