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porte de Tierra, et suivez la personne qui vous abordera en vous présentant un bouquet. Adieu, et sortez de l’église sans témoigner la moindre curiosité de me voir.

André répondit :

— C’est bien !

Puis il s’éloigna.

Rentré chez lui, et pendant qu’il se livrait à tous les rêves que doit suggérer un bonheur entouré de tant de mystères, José lui remit un pli ; il l’ouvrit, et lut ces seuls mots :

« Tenez-vous sur vos gardes ; il y va de vos jours. »

André tourna et retourna le papier sans pouvoir se rendre compte ni de son origine, ni de son but. Ce charitable avis s’appliquait-il au rendez-vous qu’André venait de recevoir ? Qui, excepté Antonia et probablement la femme de la veille, le savait ? L’esprit d’André flottait indécis.

— J’irai, s’écria-t-il tout à coup ; et à la grâce de Dieu ! Qui t’a remis ce billet ? demanda-t-il à José.

— On ne me l’a pas remis, maître, je l’ai trouvé.

— Trouvé ?… Et où ?

— Sous le pas de la porte.

— Sous le pas de la porte, dis-tu ?

— Oui, Excellence.

— Tu n’as vu personne de suspect rôder aux alentours de la maison ?

— Personne.

André se promena avec agitation dans le salon ; puis s’adressant au majorai :

— Je vais sortir à pied, tu m’accompagneras.

Dix minutes après, André traversait la ville par les rues les plus désertes, et gagnait, en longeant les remparts, la Puerta de Tierra. Il s’en fallait cependant de deux grandes heures au moins que celle du rendez-vous fût sonnée.