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fait arrêter leurs volantes à la porte du théâtre principal, situé sur le lameda.

Après avoir joui pendant quelques instants de cette délicieuse solitude, André avait repris le chemin de la ville.

Au milieu d’une des rues voisines du port, si agitées le jour et si désertes le soir, il sentit une main lui frapper légèrement sur l’épaule, en même temps qu’une voix murmura bien bas à son oreille :

— Seigneur de Laverdant.

André se retourna vivement et se trouva en face d’une femme gantée de noir et couverte d’une mante qui lui voilait le visage et retombait jusqu’autour de sa taille.

— Vous êtes bien le seigneur André de Laverdant ? demanda la femme.

— Parfaitement.

— Le cavalier le plus beau, le plus parfait, le plus accompli de la Havane ?

— Vous avez donc un service à me demander pour me flatter ainsi ?

— Ne devinez-vous pas plutôt que j’ai une mission à remplir ?

— Parlez alors.

— Eh bien ! reprit la femme voilée en baissant la voix et après avoir examiné avec précaution autour d’elle, une dame voudrait avoir une conversation secrète avec vous…

— Tout de suite ? demanda André.

— Non, demain.

— Demain seulement ? Tant pis ! Mais où dois-je la rencontrer ?

— On vous le dira à l’église San-Francisco, si vous voulez vous y trouver à onze heures du matin.

— Bien.

— Irez-vous ?