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— Merci, répondit André, merci de tes bons soins. Mais, avant tout, il me plaît que tu me fasses connaître à qui je dois adresser ma reconnaissance pour l’hospitalité qui m’a été accordée. Comment se nomme le maître ou la maîtresse de cette maison ?

La négresse, à qui la marquise avait donné ses ordres en sortant, répondit :

— Que vous importe, seigneur ? Nous avons tous fait notre devoir, ce que le voisin eût fait si l’accident fût arrivé devant son hôtel. Vous ne nous devez aucune reconnaissance pour si peu. Voulez-vous que j’envoie chercher une volante ?

— C’est inutile, répliqua André. Voici le soir qui vient, je préfère m’en retourner à pied, le grand air me fera du bien.

— À votre aise, Excellence.

André eût voulu profiter, depuis la réponse évasive de la négresse, du temps qu’il était demeuré dans ce salon pour examiner en détail la riche volante toute ruisselante d’or qui remisait, comme d’habitude, à côté du canapé, espérant de pouvoir la reconnaître au paseo, et d’apprendre ainsi le nom qu’on lui cachait avec une réserve calculée. Mais l’obscurité était venue tout à coup, comme cela arrive sous le climat des Antilles, et d’épaisses ténèbres couvraient tous les objets qui environnaient le jeune officier.

— Eh bien ! dit-il à la négresse, reconduis-moi jusqu’à la porte de la rue.

— Volontiers, seigneur.

— Pardieu ! avait pensé André, la belle malice de me taire le nom de mon hôte ; je vais reconnaître la maison au numéro et à la rue.

Mais la négresse avait ses instructions. Elle ouvrit la porte du salon et dit à André :