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IV


Un jour, André descendait à cheval la longue caïd de l’Obispo. En ce moment débouchait par une des rues perpendiculaires (la caïa de Habana), une masse de peuple et de soldats suivant le cortége d’un esclave condamné pour vol, et que la justice faisait fouetter par la main du bourreau à tous les carrefours de la ville.

En moins d’une minute, tout ce qu’il y avait de passants dans la rue de l’Obispo, et de valetaille dans les maisons, se rua au pas de course pour prendre place à ce spectacle odieux, en poussant des cris qui n’étaient ni de joie ni de rage, mais qui étaient tout simplement des cris, chaque fois que la lanière de cuir du bourreau, longue à peu près comme l’avant-bras, s’abattait sur l’épaule du condamné, et en faisait jaillir le sang. C’était, à ce qu’il paraît, un spectacle si beau à voir, que la rue populeuse tout à l’heure, se trouva déserte en moins d’une demi-minute.

Mais, effrayé par les cris de la populace poussés en