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volutions. C’est une affaire de temps et d’accident ; la plume et la pensée n’ont plus rien à y voir, plus rien à y faire.

Bien d’autres questions de philosophie sont à résoudre et appellent l’attention des esprits studieux de ce côté-ci du globe. Le rôle de ceux qui, comme moi, ont vu l’esclavage de près, et même l’ont pratiqué, doit se borner à en raconter les étranges mœurs.

Il y a là matière à bien des drames émouvants.

Au risque de paraître sortir de la réserve que je me suis imposée, je crois pouvoir, moi qui ai applaudi à la chute de l’esclavage, inscrire cette opinion, comme épitaphe sur sa tombe : — que le rôle réservé à cette institution n’a été malheureusement compris, ni de ceux qui l’ont appliquée, ni de ceux qui ont gémi sous ses lois, ni de ceux qui ont travaillé à sa destruction.

Ce rôle pouvait être et devait être fécond au point de vue de la civilisation et de l’humanité ; tandis que l’on a réduit l’esclavage aux proportions odieuses d’un fait de propriété brutale, de spéculation et de travail obligé, sous la menace de châtiments corporels. De là l’excuse des attaques dont l’esclavage a été l’objet.

De là aussi la source des calomnies dramatisées qui ont poursuivi les propriétaires d’esclaves. Aujourd’hui que c’est là le thème d’une propagande très-active dans une partie des États-Unis, qui en a le monopole, je ne lis jamais ces romans, ces pamphlets, ces récits, que publient les journaux abolitionnistes, d’imaginaires cruautés contre les esclaves, sans être prêt à crier au mensonge, me faisant fort de démontrer la fausseté de pareilles accusations, l’impossibilité de pareils actes.

Est-ce à dire que l’esclavage n’a jamais engendré d’odieux abus ? Est-ce à dire que la morale n’a pas eu à s’indigner et la justice à sévir contre les monstruosités com-