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fortune et sa vie dépendent presque toujours du caprice et de la rapacité des mandarins. Les tribunaux ordinaires ne sont composés que d’un seul juge. L’accusé se tient à genoux pendant le procès ; le magistrat l’interroge, et il est seul pour apprécier la valeur de ses réponses. Point d’avocat, qui prenne sa défense ; on admet quelquefois ses parents ou ses amis à plaider sa cause ; mais c’est une pure condescendance du mandarin, et un effet de son bon plaisir. Les témoins à charge ou à décharge se trouvent souvent dans une position pire que celle de l’accusé, car, si leurs dépositions ne plaisent pas aux juges, ils sont à l’instant fouettés et souffletés ; un bourreau, chargé de les rappeler à l’ordre, est toujours placé à leur côté. Ainsi l’accusé est absolument à la merci du mandarin qui le juge, ou plutôt des officiers subalternes du tribunal, qui ont déjà préparé à l’avance la procédure, d’une manière favorable ou contraire à l’accusé, suivant l’argent qu’ils ont reçu.

Cicéron nous a fait connaître, avec son énergique éloquence, la méthode de l’infâme Verres, quand il rendait la justice en Sicile. « Les condamnés, dit-il, sont renfermés dans la prison ; le jour de leur supplice est fixé ; on le commence dans la personne de leurs parents, déjà si malheureux. On les empêche d’arriver jusqu’à leurs fils ; on les empêche de leur porter de la nourriture et des vêtements ; ces malheureux pères restaient étendus sur le seuil de la prison. Les mères éplorées passaient les nuits auprès du guichet fatal qui les privait des derniers embrassements de leurs enfants ; elles demandaient pour toute faveur qu’il leur fût permis de recueillir leur dernier soupir. À