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il n’avait rien organisé pour nous recevoir. Puisque vous n’allez pas ce soir à Ou-tchang-fou, ajouta-t-il, je vais donner des ordres pour qu’on ait soin de vous à la maison des hôtes, où l’on vous a conduits. Le préfet nous avait tout bonnement joué un tour à la chinoise pour s’épargner les frais et les embarras d’une réception officielle ; il savait bien mieux que nous qu’il n’était pas possible d’aller dans une journée de Han-tchouan à Ou-tchang-fou. et qu’on devait nécessairement passer la nuit à Han-yang. Nous crûmes que cela ne valait pas la peine de se fâcher ; nous agîmes comme si nous n’avions pas compris la tricherie, et nous retournâmes pacifiquement à la susdite maison des hôtes, avec la perspective de retrouver toujours à la même place notre imperturbable Chinois toujours occupé à fumer sa pipe.

Nous venions de commettre une faute en prenant congé du préfet si bénignement, et sans lui avoir parlé avec un peu de verve, car, s’imaginant que nous étions très-faciles à contenter, il ne manqua pas d’en abuser. Nous revîmes donc notre vieux Chinois, toujours assis sur son banc, et la chandelle rouge dont il ne restait plus qu’un bout, mais qui conservait encore presque entière sa grosse mèche entourée d’un peu de flamme et d’une épaisse fumée. Un domestique du préfet ne tarda pas à se présenter chargé d’un panier à plusieurs étages, et qui contenait le menu de notre souper. À cette vue, le gardien de la maison des hôtes se leva ; il alla chercher une table dans une pièce voisine, l’installa contre le mur, et plaça dessus la chandelle rouge qu’il moucha très-habilement en donnant une chiquenaude à la mèche. Maître Ting, qui était affamé, avait déjà pris place à côté de la