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doux, traitables et soumis ; à ce prix on leur accordera qu’ils ont fait quelques pas vers la sociabilité, et on leur permettra de prendre rang, mais à une grande distance, après le peuple privilégié, la race par excellence, à laquelle il a été donné de posséder, de dominer, de connaître et d’instruire [1]. »

On trouvera peut-être un peu sévères ces appréciations de notre savant et judicieux orientaliste. Cependant, lorsqu’on a parcouru l’Asie et visité les colonies des Européens, on est forcé de convenir que la race conquise est presque partout traitée avec morgue, insolence et dureté, par des hommes qui se piquent pourtant de civilisation et quelquefois même de christianisme.

Nous voilà bien loin de Han-tchouan et de son palais communal, et de cet heureux mandarin à qui la ville reconnaissante offrait solennellement une paire de bottes au moment de se séparer de lui. Le lecteur a sans doute oublié que c’est à propos de cette manifestation populaire que nous avons été amené à parler des éléments de liberté qu’on rencontre en Chine, et qui se manifestent quelquefois d’une manière si bizarre pour louer ou critiquer la bonne ou la mauvaise administration des magistrats.

Le plus bel éloge que la population de Han-tchouan faisait de son mandarin de prédilection, c’est qu’il avait toujours rendu la justice en personne et siègeant en public. Ce mérite, en effet, est bien aujourd’hui de quelque importance pour un magistrat chinois ; les choses sont tellement en décadence dans ce malheureux

  1. Mélanges asiatiques, p. 244.