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dont elle est armée, les raisonnements dont elle s’appuie, frapperaient étrangement un juge impartial, s’il en pouvait exister un sur la terre. Enivrée de ses progrès d’hier, et surtout de sa supériorité dans les arts de la guerre, elle voit avec un dédain superbe les autres familles du genre humain ; il semble que toutes soient nées pour l’admirer et pour la servir, et que ce soit d’elle qu’il a été écrit que les fils de Japhet habiteront dans les tentes de Sem et que leurs frères seront leurs esclaves. Il faut que tous pensent comme elle et travaillent pour elle. Ses enfants se promènent sur le globe, en montrant aux nations humiliées leurs figures pour type de la beauté, leurs idées comme base a de la raison, leurs imaginations comme le nec plus ultra de l’intelligence ; c’est là leur unique mesure ; ils jugent tout d’après cette règle, et qui songerait à en contester la justesse ? Entre eux ils observent encore quelques égards ; ils sont, dans leurs querelles de peuple à peuple, convenus de certains principes d’après lesquels ils peuvent s’assassiner avec méthode et régularité ; mais tout cela disparaît hors de l’Europe, et le droit des gens est superflu quand il s’agit de Malais, d’Américains ou de Tongouses. Confiants dans les évolutions rapides de leurs soldats, armés d’excellents fusils, qui ne font jamais long feu, les Européens ne négligent pas pourtant les précautions d’une politique cauteleuse. Conquérants sans gloire et vainqueurs sans générosité, ils attaquent les Orientaux en hommes qui n’ont rien à en craindre, et traitent ensuite avec eux comme s’ils devaient tout en appréhender. Achevant à moins de frais par la