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à leurs voyages ralentirait cet essor commercial qui est en quelque sorte la vie et l’âme de ce vaste empire.

La liberté d’association est aussi nécessaire aux Chinois que celle de circulation ; aussi la possèdent-ils pleinement et sans réserve. À part les sociétés secrètes, organisées dans le but de renverser la dynastie mantchoue, et que le gouvernement ne manque pas de poursuivre à outrance, toutes les associations sont permises. Les Chinois ont, du reste, une aptitude remarquable pour former ce qu’ils appellent des houi ou corporations. Il y en a pour tous les états, pour tous les genres d’industrie, pour toutes les entreprises et toutes les affaires. Les mendiants, les voleurs, tout le monde s’organise en associations plus ou moins nombreuses ; personne ne reste isolé dans sa sphère. C’est comme un instinct qui rapproche certains individus et les sollicite à mettre en commun ce qu’ils peuvent avoir de ressources pour les faire valoir ensemble. Il arrive quelquefois que les citoyens se réunissent pour veiller à l’observance des lois, dans certaines localités où l’autorité se trouve trop faible ou trop insouciante pour maintenir l’ordre. Nous avons été témoin nous-même de quelques faits de ce genre dont les résultats ont été très-satisfaisants.

Le jeu est prohibé en Chine ; cependant, on joue partout avec une frénésie dont rien n’approche ; nous en parlerons ailleurs. Un gros village qui avoisinait notre mission, non loin de la grande muraille, était renommé pour ses joueurs de profession. Un chef de famille, joueur lui aussi comme les autres, se dit un jour qu’il fallait réformer le village et convertir les