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poussière et sous les rayons d’un soleil dévorant ; notre domestique, seul avec nous à l’ombre du large toit de la pagode, nous faisait part de la méthode qu’il venait d’imaginer pour nous préserver du chaud et des moustiques.

Aussitôt que nous fûmes arrivés à la station où nous devions passer la nuit, nous communiquâmes notre projet à maître Ting et au premier magistrat du lieu. D’abord on nous fit de l’opposition ; on trouva qu’il n’était pas bon, qu’il était même très-mauvais de voyager après le crépuscule du soir, et le grand motif, c’est que la chose était inusitée et qu’il ne fallait pas intervertir l’ordre du jour et de la nuit. On voyait bien qu’il y avait, dans ce nouveau plan, des avantages incontestables ; mais que dirait-on, que penseraient les gens du pays, en nous voyant aller ainsi contre tous les usages ? Tout ce que nous pouvions alléguer venait se briser contre cette raison fondamentale. Nous avions bien un moyen fort simple de mettre le magistrat de notre côté ; il n’y avait qu’à dire très-sérieusement que, étant dans l’impossibililé de voyager avec les fortes chaleurs de l’été, nous allions attendre des jours plus frais et nous reposer jusqu’à l’automne ; mais nous aimâmes mieux lui faire comprendre que, étant d’un pays où l’on avait l’habitude de voyager encore plus de nuit que de jour, il n’était pas convenable de nous empêcher de suivre nos usages. Ce motif fit quelque impression, et une estafette monta immédiatement à cheval pour aller avertir sur la route qu’à l’avenir nous ferions nos étapes pendant la nuit.

On remarque toujours, dans le caractère chinois,