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mœurs douces, paisible et sédentaire, disant peu de paroles inutiles, mais trop préoccupé de médicaments et de livres de médecine. Cette manie lui était venue, parce qu’à force de se voir toujours chétif, pâle et maigre, il avait fini par se croire malade ; en conséquence, il voulait se soigner, et pour cela il s’était lancé dans les études médicales.

L’autre, celui qui était âgé d’une soixantaine d’années, ne portait dans la mission aucun titre officiel. Il s’occupait pourtant d’une foule de choses ; la propreté et la bonne tenue de la chapelle et du presbytère le regardaient ; il bêchait, arrosait le jardin et y faisait pousser, tant bien que mal, quelques fleurs et un peu de légumes. Il était chargé de la cuisine, quand il y en avait à faire, et, de plus, il entretenait de fréquentes et longues conversations avec tous ceux qui venaient à la résidence. Sa générosité à offrir du thé à boire et du tabac à fumer l’avait rendu très-populaire. Autrefois il avait été forgeron, et, comme ses nouvelles attributions n’étaient pas bien définies, on avait toujours continué de l’appeler le forgeron Siao.

Un jour, ces deux compagnons de notre solitude se présentèrent dans notre chambre, avec une certaine solennité, pour nous demander un conseil. Un inspecteur extraordinaire des troupes venait d’arriver de Péking, et, sous peu, il devait y avoir une revue générale. Or, l’ancien forgeron et l’ancien tailleur étaient bien aises de savoir si nous étions d’avis qu’ils allassent à cette revue. Mais, leur répondîmes-nous, ce sera absolument comme vous voudrez. Si vous pensez que cela doive vous amuser, allez-y ; nous garderons la maison.