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kowski est celui de l’effectif réel, du moins des soldats qui sont inscrits sur le cadre de l’armée ; mais il ne s’ensuit pas pour cela qu’il y ait en Chine sept cent mille hommes en activité de service militaire. Nous pensons qu’il faut encore réduire ce nombre des deux tiers, si l’on veut avoir le chiffre véritable des soldats, c’est-à-dire des hommes qui s’occupent du métier des armes.

Nous avons vécu assez longtemps en Tartarie pour connaître les troupes mongoles ; or, elles se composent de bergers nomades, passant leur vie à la garde de leurs troupeaux et ne s’occupant jamais d’exercices militaires. Ils ont bien dans leur tente un long fusil à mèche, et quelquefois un arc et des flèches ; mais ils ne s’en servent jamais que pour aller tuer des chèvres jaunes et des faisans. S’ils ont une lance, on est bien sûr qu’ils ne la touchent que pour courir après les loups, qui font la guerre à leurs troupeaux de moutons. Ainsi, voilà pour la division mongole de l’armée impériale, des familles de bergers, sans en excepter ni les enfants à la mamelle, ni les vieillards, car tout fait nombre ; on est militaire en naissant, et on reçoit immédiatement sa solde.

Les troupes chinoises ne sont guère plus sérieuses que les mongoles. Leur nombre s’élève, dit-on, à cinq cent mille hommes ; elles sont composées, en grande partie, d’artisans et de laboureurs, vivant au sein de leur famille, s’occupant tout à leur aise de la culture de leurs champs ou de leur petite industrie, sans avoir l’air de se douter le moins du monde qu’ils appartiennent à la classe des guerriers. De loin en loin, ils sont obligés d’endosser leur casaque, quand on les