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que de les envelopper, puis de se serrer énergiquement les uns contre les autres, pour les étouffer. Après la première charge qui eut lieu à la porte du tribunal, si cette multitude innombrable ne s’était pas sauvée à toutes jambes, les Mantchous étaient perdus ; mais, comme nous l’avons déjà remarqué, les Chinois sont désorganisés, ils sont sans chefs, et partant sans force et sans courage. L’impulsion ne venant de nulle part, chacun se la donne à soi-même, toujours en vue des avantages personnels, jamais de l’intérêt général.

Le gouvernement entretient, dans quelques-unes des villes les plus importantes de chaque province de l’empire, une garnison composée, en grande partie, de soldats mantchous sous le commandement d’un grand mandarin militaire, qui appartient aussi à cette nation. Son pouvoir ne peut être contrôlé par aucun fonctionnaire civil, pas même par le vice-roi de la province. Il correspond directement avec l’empereur, et c’est à lui seul qu’il est tenu de rendre compte de son administration. Ces corps de troupes font bande à part dans les villes où elles se trouvent, se mêlent peu à la population, et le quartier qu’elles habitent porte le nom de ville tartare. L’empire chinois tout entier se trouve ainsi enveloppé comme d’un réseau stratégique, peu fort, peu puissant, il est vrai, mais merveilleusement bien combiné, puisqu’il a suffi si longtemps pour maintenir dans l’obéissance ces nombreuses fourmilières d’hommes. Afin de venir plus facilement à bout de ce vaste système de surveillance, la dynastie régnante a adopté pour principe de ne jamais choisir les grands chefs militaires que parmi les Mantchous. Cette mesure avait