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un empereur chinois ; ce sentiment, que plusieurs mandarins ont laissé percer en notre présence, n’existe pas dans les masses, qui, comme nous l’avons dit, trouvent fort ridicule de s’occuper gratuitement de questions politiques ; cependant il peut y être à l’état latent, et pour le réveiller il ne faut qu’un événement, une occasion, comme cela est arrivé à plusieurs époques célèbres de l’histoire de la Chine.

Le préfet de Song-tche-hien, grand partisan de l’antiquité, s’étudia à remplir envers nous les devoirs de l’hospitalité d’une manière toute patriarcale. Nous n’étions pas simplement pour lui des voyageurs et des étrangers dont il fallait avoir soin de par la loi et parce que le vice-roi du Sse-tchouen l’avait ainsi ordonné. Nous étions ses hôtes dans toute la force du terme, et non-seulement ses hôtes à lui, mais encore les hôtes de ses amis, de ses confrères dans l’administration civile et militaire, les hôtes de tous les habitants de la ville de Song-tche-hien. Nous fûmes donc obligés de nous montrer sensibles à cette manifestation, et de vivre, en quelque sorte, en public. C’est tout au plus si on nous donna le temps de vaquer à la prière et de prendre quelques heures de repos. Le préfet ne voulut abandonner à personne le soin d’organiser notre départ. Il alla lui-même au port choisir nos bateaux, et en fit louer un troisième pour son premier secrétaire et plusieurs domestiques chargés de nous accompagner jusqu’à Kin-tcheou où nous devions nous arrêter. Il avait eu l’attention d’envoyer à bord de ce bateau son cuisinier avec un riche assortiment de provisions de bouche, afin de nous continuer sa