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cour inférieure, et le mandarin, aussitôt qu’il entendait ce bruit, était obligé de paraître et d’écouter le plaignant à quelque heure que ce fût du jour ou de la nuit.

Maintenant les choses ne vont pas tout à fait de la même manière ; il y a bien encore dans toutes les localités l’endroit désigné pour les instructions que le mandarin doit faire au peuple ; il se nomme chan-yu-ting, salle des saintes instructions ; mais, au jour fixé, le mandarin ne fait qu’y passer, par manière d’acquit ; personne n’est là pour l’écouter, aussi ne dit-il jamais rien ; il fume une pipe, boit une tasse de thé et s’en retourne. Dans les tribunaux on voit bien encore la cymbale des opprimés ; mais on se garde bien d’aller frapper dessus, parce qu’on serait immédiatement fouetté ou mis à l’amende.

La conduite que les mandarins tenaient autrefois envers les habitants d’un district n’était qu’une répétition en petit de ce qui était observé par l’empereur à l’égard de ses sujets. L’usage que les souverains chinois ont toujours observé de publier, de temps en temps, des instructions sur la morale, l’agriculture ou l’industrie, remonte aux premiers temps de la monarchie. L’empereur de la Chine n’est pas seulement le chef suprême de l’État, le grand sacrificateur et le principal législateur de la nation, il est encore le prince des lettrés et le premier docteur de l’empire ; il n’est pas moins chargé d’instruire que de gouverner ses peuples, ou, pour mieux dire, instruire et gouverner ne doit être qu’une même chose. Tous les décrets sont des instructions, les ordres sont donnés sous la forme de leçons et en portent même le nom, les châtiments et les supplices en sont le