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Ting ayant fait l’observation que nous n’aimions pas ces réunions tumultueuses, laissez-les approcher, nous dit le préfet en souriant et en nous regardant avec supplication, ne les renvoyez pas, ils veulent voir ; s’ils vous incommodent, je n’aurai qu’à leur faire un signe, ils se retireront. — Nous eûmes bien garde de contrister ce bon magistrat en faisant exécuter à Song-tche-hien la consigne sévère qu’on avait dû observer dans les autres endroits. Ce jour-là il y eut liberté absolue pour tous, et chacun eut le privilége de venir à loisir étudier la configuration des hommes des mers occidentales. Pendant que les curieux nous contemplaient, les yeux fixes et la bouche entr’ouverte, nous prenions plaisir à voir le mandarin regardant les curieux avec béatitude, et jouissant du bonheur que ses chers Chinois paraissaient éprouver ; du reste, tout cela se passait fort paisiblement, et sans nous causer la moindre importunité. Lorsqu’on avait vu suffisamment, on se retirait pour faire place à d’autres, et si, par hasard, il survenait un peu de tumulte ou d’encombrement, le magistrat n’avait qu’à dire un mot, à faire un geste, et aussitôt tout rentrait dans l’ordre ; ses moindres intentions étaient exécutées promptement et d’une manière respectueuse et filiale.

Le préfet de Song-tche-hien, entouré de son peuple, était bien l’image d’un père de famille au milieu de ses enfants ; c’était une touchante réalisation de ces institutions et de ces lois chinoises, toujours basées sur le principe de la paternité et de la piété filiale, qui supposent que tout fonctionnaire est un père pour ses administrés, et les administrés des enfants à l’é-