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voilà la dénomination générale. Pour désigner les divers peuples, nous transcrivons leurs noms aussi fidèlement que le permettent nos caractères. Ainsi, nous disons : Fou-lang-saï-jin, c’est-à-dire « hommes fa-ran-çais. » Quand nous parlons des Occidentaux, quelquefois nous saisissons un trait saillant du peuple que nous voulons désigner, et nous le traduisons dans notre langue. Ainsi, nous appelons les In-ki-li (Anglais, English), « Houng-mao-jin, hommes à poils rouges, » parce qu’ils ont, dit-on, les cheveux rouges ; nous donnons aux Ya-mé-ly-kien (Américains) le nom de Hoa-ki-jin, « hommes de la bannière fleurie, » parce que, dit-on, le pavillon qui flotte au mât de leur navire est bariolé de diverses couleurs. Vous voyez que toutes ces dénominations présentent un sens à l’esprit, elles veulent dire quelque chose. Il doit en être ainsi de vos deux mots Chine et Chinois ; puisqu’ils n’appartiennent pas à notre langue, ils doivent nécessairement signifier quelque chose dans la vôtre… Ces expressions, bien étranges en effet aux oreilles d’un Chinois, intriguaient énormément cet excellent magistrat. Pour l’empêcher de croire que nous y attachions un sens satirique et malveillant, nous fûmes obligés de lui faire une petite dissertation historique, et de lui prouver que ces deux mots appartenaient radicalement à la langue chinoise, que c’était le nom qu’ils se donnaient eux-mêmes autrefois ; mais que nous l’avions altéré pour le plier au génie de notre langue, de la même manière que les Chinois disaient Fou-lang-saï, au lieu de Français.

Il est, en effet, incontestable que les expressions Chinois et Chine nous viennent réellement de ce pays.