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Les Européens sont dans une grande erreur en s’imaginant que les Chinois ignorent complétement la géographie ; parce qu’on trouve chez eux des cartes ridicules, des espèces de caricatures de la terre, fabriquées pour l’amusement du bas peuple, on aurait tort d’en conclure que les hommes d’étude n’en savent pas davantage ; à toutes les époques, les Chinois ont fait preuve d’un grand intérêt pour les connaissances géographiques. Il est évident qu’avec leur système actuel de rester chez eux et de n’y pas admettre les étrangers, il leur a été difficile d’acquérir des notions bien précises et bien détaillées sur les autres pays ; on trouve cependant dans leurs auteurs des détails bien précieux, et Klaproth s’est servi utilement des géographes chinois pour jeter du jour sur la géographie de l’Asie du moyen âge. La récente et importante publication de M. Stanislas Julien[1], sur les voyages d’un Chinois dans l’Inde au septième siècle, prouve combien il y aurait à apprendre dans les ouvrages de ces hommes qui savaient si bien voir, et raconter si fidèlement ce qu’ils avaient vu.

Nous avons remarqué, dans un livre arabe intitulé : Chaîne de Chroniques[2], et composé au neuvième siècle, un passage bien capable de donner une idée de ce qu’on savait en Chine à une époque où nous ne savions pas grand’chose. Nous citerons volontiers ce fragment, qui nous a paru de nature à intéresser le lecteur. Voici comment s’exprime le narrateur arabe.

  1. Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l’1nde, etc., traduite du chinois par M. Stanislas Julien. Paris, 1853.
  2. Relation des voyages faits par les Arabes et les Persans dans l’Inde et à la Chine, dans le neuvième siècle de l’ère chrétienne, traduite par M. Reinaud, de l’institut, t. I, p. 79 et suiv.