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voyageant en qualité de Chinois pur sang, et, par conséquent, soumis à la loi commune, nous avons plusieurs fois traversé l’empire d’un bout à l’autre sans qu’on ait jamais, nulle part, fait la visite de nos malles, qui renfermaient pourtant des livres européens, des ornements sacrés et une foule d’objets compromettants. Les douaniers se présentaient, nous leur déclarions que nous n’étions pas marchands et que nous ne portions pas de contrebande ; nous leur présentions ensuite les clefs avec un peu d’aplomb et de dignité en les pressant de visiter nos malles ; cette déclaration suffisait, et on ne passait jamais outre. Si, en Chine, les douaniers étaient rigides observateurs de leur devoir, comme ceux de France, par exemple, les pauvres missionnaires ne pourraient pas se remuer ; dans les cas les plus difficiles on peut se tirer d’embarras moyennant une petite offrande.

Les douanes les plus nombreuses sont uniquement établies pour le sel, dont le commerce est, dans la plupart des provinces, un monopole de l’administration. Les Chinois font une très-grande consommation de cette substance, leurs aliments en sont, le plus souvent, remplis ; on trouve dans toutes les familles d’abondantes provisions d’herbes et de poissons salés ; c’est l’unique ordinaire des classes inférieures, et les autres ne manquent jamais de s’en faire servir sur leur table. On cherche à corriger par les salaisons la saveur insipide du riz bouilli à l’eau. Les Chinois sont très-sobres et vivent de peu ; le sel étant une substance très-nutritive, nous pensons que la quantité considérable qu’ils en absorbent doit suppléer au peu de nourriture qu’ils prennent ; on conçoit aussi qu’avec une telle alimentation