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tard ; peu nous importe de savoir à qui la faute ; vous en serez tous responsables. Partons, et, quand vous serez arrivés au port, vous prendrez tout le temps que vous jugerez convenable pour vider votre querelle. — Les explications allaient recommencer ; mais, pendant que l’un de nous les tenait bloqués dans l’entre-pont, l’autre monta et donna ordre au patron de partir. Aussitôt le navire se remit en route, emportant les douaniers, qui se désespéraient en voyant s’éloigner leur échoppe.

Quand nous fûmes arrivés au port, nous nous empressâmes d’opérer notre débarquement, laissant à qui de droit le soin de discuter la question de la contrebande de sel. Il était presque nuit lorsque nous entrâmes dans la ville de I-tchang-fou. Nous eûmes pour guide un greffier de mauvaise mine, que le préfet avait envoyé nous attendre sur le rivage, et qui nous conduisit à ce qu’il lui plaisait de nommer un palais communal. Dans cette grande et belle ville de premier ordre, on avait su trouver, pour loger deux Français, voyageant par ordre du Fils du ciel, un taudis plein d’humidité, sans portes ni fenêtres, sans meubles et déjà servant de caserne à des légions de gros rats, dont le fracas et l’odeur nous faisaient tressaillir. Nous dûmes contenir notre indignation, car à quoi bon s’en prendre à ce greffier, qui, sans doute, n’avait fait qu’exécuter les ordres de l’autorité.

Après avoir scruté attentivement, à l’aide d’une lanterne, la valeur réelle de ce prétendu palais communal, nous nous fîmes conduire avec tout notre bagage au tribunal du préfet. On nous introduisit dans une vaste salle d’attente, où nous nous empressâmes de faire déposer nos palanquins et arranger nos malles ; nous avertîmes