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la mer, il a déjà une demi-lieue de large ; il n’a pas moins de sept lieues à son embouchure.

Avant d’arriver à I-tchang-fou, ville de premier ordre, nous rencontrâmes une petite douane pour le sel. Nos deux barques furent obligées de s’arrêter, afin d’attendre la visite des douaniers ; nous trouvâmes un peu étrange qu’on s’avisât de visiter des barques mandarines. Telle est la règle du pays, nous dit maître Ting ; la visite a lieu à cause des hommes de l’équipage, qui profitent quelquefois du passage des fonctionnaires publics pour faire la contrebande ; par conséquent il faut vous résigner à prendre patience. Nous nous résignâmes donc conformément à l’invitation de maître Ting.

On visita d’abord la barque où étaient les soldats. Les douaniers n’y ayant trouvé que le sel nécessaire à la cuisine de l’équipage, elle remit à la voile et continua sa route. Les employés de la gabelle vinrent ensuite chez nous, et, après avoir poliment salué les passagers, ils demandèrent au patron de les conduire à fond de cale. A fond de cale ! fit le patron avec étonnement, vous voulez donc souiller vos beaux habits. J’ai lesté mon navire avec de la boue ; vous savez bien que, lorsqu’on porte des mandarins, on n’embarque pas de marchandises. — Qui sait, s’écria le petit mandarin militaire que nous avions pris à Kouei-tcheou, peut-être que ces deux nobles Européens sont venus ici faire la contrebande du sel ?… Puis il applaudit à son trait d’esprit par de grands éclats de rire. Les douaniers ne se laissèrent pas déconcerter par cette hilarité et commencèrent tout bonnement leurs perquisitions. Un instant après, il y eut à bord un tapage effroyable ; car on avait trouvé