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aussi très-inexacte. Si, pour savoir une langue, on était obligé d’en connaître tous les mots, combien de Français pourraient se vanter de comprendre toutes ces innombrables locutions techniques qui composent la majeure partie de nos dictionnaires ? On s’est encore imaginé, et on a affirmé dans des ouvrages très-sérieux, que l’écriture chinoise était purement idéographique. C’est une erreur ; elle est idéographique et phonétique en même temps. La démonstration intrinsèque de cette vérité ne pouvant être bien ccmprise que par ceux qui ont une connaissance suffisante du mécanisme de cette langue, nous nous contenterons de donner une preuve qui sera à la portée de tout le monde. Les caractères chinois sont tellement phonétiques, que, dans toutes nos missions, ceux qui apprennent à servir la messe ont, à leur usage, un petit cahier où les prières latines sont transcrites avec des caractères chinois. Comment cela pourrait-il se faire, s’ils étaient simplement idéographiques ? Comment pourraient-ils rendre et exprimer exactement les sons de nos langues d’Europe ? Dans les bibliothèques des pagodes, la plupart des livres de prières, que les prêtres bouddhistes sont obligés d’apprendre, ne sont, d’un bout à l’autre, que des transcriptions chinoises des livres sanscrits. Les bonzes les étudient et les récitent sans en comprendre le sens, parce que, au moyen de ces caractères prétendus idéographiques, on a fait une traduction du son, et nullement de l’idée. On peut dire que tout caractère chinois est composé de deux éléments qu’on distingue, le plus souvent, avec beaucoup de facilité : l’un idéographique, et l’autre phonographique. Cela n’existe-t-il pas ainsi dans toutes les écritures ?