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leurs caractères, et ont trouvé moyen de satisfaire aux nombreux besoins de leur civilisation.

Les premiers Chinois durent bientôt comprendre l’insuffisance de leurs deux cent quatorze signes primitifs ; à mesure que leur société se perfectionnait, le cercle de leurs connaissances s’élargissant graduellement, et de nouveaux besoins se faisant sentir, il fallut, de toute nécessité, augmenter le nombre des caractères, et, pour cela, recourir à de nouveaux procédés ; car il ne pouvait pas être question de tracer de nouvelles figures qui auraient fini par se confondre en se multipliant. Comment de grossiers dessins auraient-ils permis de distinguer un chien d’un loup ou d’un renard, un chêne d’un pommier ou d’un arbre à thé ? comment, surtout, auraient-ils pu exprimer les passions humaines, la colère, l’amour ou la pitié, et les idées abstraites et les opérations de l’esprit ? Au milieu de ces difficultés il n’y eut jamais aucune tentative pour l’introduction d’un système alphabétique ou même syllabique ; les Chinois ne pouvaient guère en prendre l’idée chez les nations barbares et illettrées dont ils étaient environnés ; d’ailleurs, ils ont toujours eu la plus haute estime pour leur langue écrite, qu’ils regardent comme une invention céleste, dont le principe a été révélé à Fou-hi, fondateur de leur nationalité. Ils ont donc été forcés d’avoir recours aux combinaisons des figures primitives, et ils ont formé, par ce procédé, une innombrable multitude de signes composés, le plus souvent arbitrairement, mais qui offrent quelquefois des symboles ingénieux, des définitions vives et pittoresques, des énigmes d’autant plus intéressantes, que le mot n’en a pas été perdu.