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modestie admirables. C’est qu’ils venaient d’entrer, en quelque sorte, dans un pays étranger ; ils n’étaient plus chez eux ; de peur de se compromettre, ils avaient laissé toute leur fierté à la frontière de leur province, se réservant, bien entendu, de la reprendre au retour. Pour le moment, il n’était question que de bien rapetisser son cœur, pour continuer la route sans encombre.

Le vice-roi du Sse-tchouen nous avait prévenus que dans la province du Hou-pé, les palais communaux étaient rares et peu convenables. A Pa-toung nous n’en trouvâmes pas du tout ; mais nous y perdîmes peu, car nous allâmes loger au kao-pan, comme qui dirait à l’Institut. Le kao-pan, théâtre des examens, est, comme le wen-tchang-koun, palais des compositions littéraires, un édifice appartenante la corporation des lettrés. Celui de Pa-toung n’avait rien de remarquable dans sa construction ; il était seulement d’une propreté exquise, et avait, comme tous les établissements de ce genre, des salles vastes et, par conséquent, d’une grande fraîcheur. Les examens avaient eu lieu depuis peu de jours, et nous trouvâmes encore en place les diverses décorations disposées pour la cérémonie. Nous eûmes dans la soirée la visite d’une foule de lettrés, parmi lesquels plusieurs nous parurent d’une assez grande insignifiance.

La corporation des lettrés a été organisée dans le onzième siècle avant l’ère chrétienne ; mais le système des examens tel qu’il existe maintenant, et qui sert de base au choix des mandarins pour l’administration, ne remonte qu’au huitième siècle, vers le commencement de la grande dynastie des Tang. Avant cette époque les magistrats étaient nommés par le peuple.