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cent livres chacune. Cette huile est très-puante ; on s’en sert pour éclairer le hangar où sont les puits et les chaudières de sel. Les mandarins, par ordre du prince, en achètent souvent des milliers de jarres, pour calciner sous l’eau les rochers qui rendent le cours des fleuves périlleux. Un bateau fait-il naufrage, on trempe un caillou dans cette huile, on l’enflamme et on le jette dans l’eau ; alors un plongeur, et plus souvent un voleur, va chercher ce qu’il y avait de plus précieux sur ce bateau ; cette lampe sous-aqueuse l’éclaire parfaitement.

« Si je connaissais mieux la physique, je vous dirais ce que c’est que cet air inflammable et souterrain dont je vous ai parlé. Je ne puis croire que ce soit l’effet d’un volcan souterrain, parce qu’il a besoin d’être allumé ; et, une fois allumé, il ne s’éteint plus que par le moyen d’une boule d’argile, qu’on met à l’orifice du tube, ou à l’aide d’un vent violent et subit. Les charlatans en remplissent des vessies, les portent au loin, y font un trou avec une aiguille, et l’allument avec une bougie pour amuser les badauds. Je crois plutôt que c’est un gaz ou esprit de bitume, car ce feu est fort puant et donne une fumée noire et épaisse[1].

« Ces mines de charbon et ces puits de sel occupent ici un peuple immense. Il y a des particuliers riches qui ont jusqu’à cent puits en propriété ; mais ces fortunes colossales sont bientôt dissipées. Le père amasse, les enfants dépensent tout au jeu ou en débauches.

  1. C’est sans doute ce que les chimistes appellent hydrogène carboné ou carbure d’hydrogène.