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cielle de l’État. Le peuple ne s’en mêle guère ; il ne s’occupe pas plus de son dieu Mars que des autres divinités bouddhiques. Mais les fonctionnaires publics, et surtout les mandarins militaires, sont obligés, à certains jours fixes, d’aller se prosterner dans son temple, et de brûler en son honneur des bâtons de parfum. La dynastie mantchoue, qui a bien voulu en faire un dieu, le nommer ensuite protecteur de l’empire, et lui faire élever un grand nombre de magnifiques pagodes, n’entend nullement que les employés du gouvernement lui témoignent de l’indifférence ou de l’indévotion.

Les Mantchous, qui probablement, en établissant ce culte, ne se sont proposé qu’un but politique et un moyen d’influence sur l’esprit des soldats, n’ont pas manqué d’accréditer la fable que Kouang-ti avait toujours apparu dans les guerres que l’empire a soutenues depuis la fondation de la dynastie. Ainsi, à diverses époques, surtout durant la guerre contre les Éleuts, et, plus tard, contre les rebelles du Turkestan et du Thibet, on l’a vu planant dans les airs, soutenant le courage des armées impériales et accablant les ennemis de traits invisibles. Il est certain, disent-ils, qu’avec. un si puissant protecteur la victoire est toujours assurée. Un jour qu’un mandarin militaire nous racontait naïvement les immenses prouesses du fameux Kouang-ti, nous nous avisâmes de lui demander s’il avait apparu dans la dernière guerre que l’empire avait eu à soutenir contre les Anglais. Cette question parut le contrarier un peu. Après un moment d’hésitation, il nous dit : On prétend qu’il ne s’est pas montré, on ne l’a pas vu. — Cependant le cas était grave, et sa présence n’eût pas