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et où donc as-tu appris les rites ? C’est probablement chez les Mongols, n’est-ce pas ?… Le pauvre cousin comprit qu’il avait fait une sottise ; il se contenta de balbutier quelques paroles d’excuses, et, après avoir bourré et allumé sa pipe, il s’en alla.

Nous étions présent à cette délicieuse petite représentation. Aussitôt que le cousin fut parti, le moins que nous pûmes faire, ce fut de rire un peu à notre aise ; mais le maître de la maison ne riait pas, il était indigné. Il nous demandait si nous avions jamais vu un homme aussi ridicule, aussi borné, aussi dépourvu d’intelligence que son cousin, et il en revenait toujours au grand principe, c’est-à-dire qu’un homme bien élevé doit toujours rendre politesse pour politesse, qu’on doit gracieusement refuser les offres de celui qui a l’honnêteté de vous en faire. — Sans cela, s’écria-t-il, où en serait-on ? Nous l’écoutâmes sans rien dire ni pour ni contre, car, en beaucoup de choses, il est très-difficile d’avoir une règle sûre et applicable à tous les hommes, surtout en ce qui tient aux coutumes des peuples. En y regardant de près, il nous a semblé comprendre les motifs de cette manière d’entendre la politesse. D’une part, chacun se donne, à peu de frais, la satisfaction de se montrer généreux et empressé envers tout le monde ; d’autre part, tout le monde peut se flatter de recevoir de chacun de gracieuses invitations et d’avoir le bon esprit de les refuser… C’est bien là, il faut en convenir, de la pure chinoiserie.

Malgré les vives sollicitations des mandarins d’Ou-chan, le lendemain nous nous mîmes en route, comme gens qui savent vivre et ont étudié les rites ailleurs que dans les déserts de la Mongolie. Cette journée de mar-