Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parmi les dix mille royaumes de la terre. Leur bienveillance à notre égard fut portée si loin, qu’ils allèrent jusqu’à nous inviter, très-sérieusement et très-sincèrement, à rester encore un jour à Ou-chan ; la tentation était forte ; mais nous sûmes y résister, parce qu’il était essentiel de conserver à nos haltes extraordinaires le caractère que nous avions essayé de leur donner ; d’ailleurs, puisque les mandarins d’Ou-chan avaient la courtoisie de nous inviter à rester, nous devions leur faire la politesse de partir ; les convenances avant tout. Il est d’usage, en Chine, qu’on se fasse les invitations les plus pressantes ; mais c’est à condition qu’elles seront refusées ; les accepter serait la preuve d’une très-mauvaise éducation.

Pendant que nous étions dans nos missions du nord, nous fûmes témoin d’un fait fort bizarre, mais qui caractérise à merveille les Chinois. C’était un jour de grande fête, nous devions célébrer les saints offices chez le premier catéchiste du village, qui avait dans sa maison une assez vaste chapelle ; les chrétiens des villages voisins s’y rendirent en grand nombre. Après la cérémonie, le maître de la maison se posta au milieu de la cour, et se mit à crier aux chrétiens qui sortaient de la chapelle : Que personne ne s’en aille, aujourd’hui j’invite tout le monde à manger le riz dans ma maison ; puis il courait aux uns et aux autres pour les presser de rester ; mais chacun alléguait des raisons et partait. Il en paraissait désolé, lorsqu’il avisa un de ses cousins qui gagnait aussi la porte ; il se précipita vers lui en disant : Comment ! mon cousin, toi aussi, tu pars… Oh ! c’est impossible, aujourd’hui c’est jour de fête, je veux que