Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

barrer le passage. Cette tranquillité flatta quelque peu notre amour-propre ; car tous ces dormeurs nous prouvaient par leurs ronflements qu’ils avaient pris très au sérieux ce qu’on leur avait dit la veille.

Un peu après midi nous entendîmes tout à coup de grandes clameurs, mêlées au retentissement du tamtam et aux bruyantes détonations des pétards. Un employé du tribunal s’empressa de venir nous apporter la nouvelle que le préfet était arrivé avec les autres principaux mandarins de la ville. Nous ne tardâmes pas à recevoir sa visite, il se présenta accompagné du commandant militaire du district qui était décoré du globule bleu et portait le titre de tou-sse. Il était du même grade que Ly le Pacificateur des royaumes, qui, après nous avoir escortés longtemps sur l’affreuse route du Thibet, mourut si misérablement avant de revoir sa patrie.

Les Chinois ont si largement développé leur système de mensonge et de tromperie, qu’il est fort difficile de les croire alors même qu’ils disent la vérité. Ainsi, nous étions persuadés que cette absence et ce retour des mandarins d’Ou-chan n’avaient été qu’un jeu. Cependant nous étions dans l’erreur, et, chose extraordinaire, les Chinois n’avaient pas menti. Aussitôt que nous aperçûmes le préfet et le commandant militaire, il nous fut aisé de reconnaître qu’ils arrivaient réellement de voyage ; l’abattement et la fatigue de leur figure, la poussière dont ils étaient encore couverts, leurs vêtements froissés, tout annonçait qu’ils avaient passé de longues heures dans leurs palanquins.

Le préfet était un homme d’une soixantaine d’années, à barbe grise, d’une taille courte et ramassée, d’un