Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arrivâmes à Ou-chan ; on nous conduisit au palais communal, où nous fûmes bien accueillis et bien traités. Il était pourtant déjà fort tard que nous n’avions vu paraître aucune des autorités du lieu, si ce n’est un tout petit officier préposé dans le port à une douane de sel. Cela n’était nullement conforme aux règles établies, et, comme nous étions toujours en surveillance pour ne pas laisser entamer les priviléges qui nous avaient été accordés et qui faisaient notre sécurité et notre force, nous demandâmes qu’on voulût bien nous expliquer pourquoi nous étions privés de la visite des mandarins d’Ou-chan. On nous répondit que le préfet était absent. — Et son substitut ? — Absent aussi. — Et le mandarin militaire commandant du district ? — Il est parti ce matin. Tous les fonctionnaires civils et militaires sont dehors pour affaires administratives… Nous prîmes tout cela pour une mauvaise plaisanterie et nous vîmes bien que nous serions condamnés à remonter journellement une machine qui menaçait sans cesse de se détraquer.

Nous demandâmes nos porteurs de palanquin et nous invitâmes maître Ting à vouloir bien nous accompagner immédiatement au tribunal du préfet. Il n’y eut pas d’objection, et nous partîmes. Le tribunal était fermé ; on le fit ouvrir. Toutes les lumières étaient éteintes ; on les fit rallumer. Nous entrâmes dans la salle des hôtes, et les domestiques du préfet nous servirent du thé avec empressement ; mais on ne voyait apparaître de globule d’aucune couleur. Enfin, le sse-yé du préfet daigna se présenter. Les sse-yé sont des conseillers ou pédagogues que les magistrats se choisissent eux-mêmes pour les aider et les diriger dans le maniement des affaires. Ils