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soutenaient une vaste plate-forme carrée, surmontée d’un pavillon richement orné, et appuyé sur des péristyles en bois vernissé. Un large escalier en pierre, situé derrière l’édifice, conduisait à la plate-forme, où l’on trouvait d’abord, dans une sorte de foyer destiné aux acteurs, deux portes latérales qui conduisaient sur la scène ; l’une servait pour les entrées et l’autre pour les sorties.

On avait apporté sur cette plate-forme une table et quelques chaises. C’est là que nous soupâmes à la clarté de la lune, des étoiles, et d’une foule de lanternes que les directeurs du théâtre avaient fait allumer en notre honneur ; c’était vraiment un charmant spectacle auquel on ne s’attendait guère. Si nous n’avions eu soin de faire fermer la grande porte de la bonzerie, toute la population de Yao-tchang aurait envahi la cour immense destinée à servir de parterre quand il y a représentation. Il est certain que les habitants de la contrée n’avaient jamais vu, dans leurs scènes théâtrales, deux personnages aussi curieux que nous. Nous entendîmes au dehors le tumulte de la multitude qui accourait, et demandait à grands cris qu’on leur laissât voir souper les deux hommes des mers occidentales ; on s’imaginait, assurément que nous devions avoir une manière incroyable de manger. Plusieurs réussirent à pénétrer sur la toiture de la bonzerie, et quelques-uns, ayant franchi les murs de la clôture, avaient grimpé sur les arbres les plus rapprochés du théâtre, où on les apercevait se mouvoir, parmi le feuillage, comme de gros singes. Ces intrépides curieux devaient être bien surpris de nous voir avaler le riz à l’aide des bâtonnets, et strictement selon la méthode chinoise.