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siècle, plus d’une âme desséchée par le doute vient se retremper à cette source et essaye de rentrer dans la vérité par l’amour[1]. »

Après la nuit triomphante de Leang-chan, nous eûmes une magnifique journée avec une belle route à travers des campagnes ravissantes. Nous trouvâmes seulement que les rayons du soleil étaient un peu trop piquants ; mais nous commencions déjà à nous faire à cette chaude température, comme nous nous étions habitués à la neige et au froid de la Tartarie.

Vers la fin du jour nous nous arrêtâmes à un certain endroit nommé Yao-tchang ; quoique assez considérable, ce gros bourg n’était pas entouré de remparts. Nous n’y trouvâmes pas de mandarin en résidence fixe ; il n’y avait pas non plus de palais communal, par conséquent, nous fûmes obligés de nous industrier pour nous loger le moins mal possible. D’abord nous essayâmes d’une auberge antique qui s’appelait, sur son enseigne, Hôtel des Béatitudes ; le chef de ce vénérable établissement nous conduisit, avec de grandes cérémonies, dans ce qu’il nommait la chambre d’honneur. Elle était située au-dessus de la cuisine ; il était bien possible que cet appartement fût, à plusieurs titres, très-honorable : nous n’avions aucune raison pour penser le contraire. Cependant des voyageurs expérimentés ne doivent pas trop s’arrêter à la vaine gloire, et nous trouvâmes que cette chambre d’honneur, où l’air et le jour n’arrivaient que par une étroite lucarne, ne nous allait pas extrêmement ; c’était un atroce repaire de légions de moustiques

  1. Monseigneur Gerbet, Keepsake religieux.