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femme mariée. Quand elle a cessé d’être jeune, quand elle est stérile ou n’a pas donné d’enfant mâle au chef de famille, celui-ci prend une seconde épouse, dont la première devient, en quelque sorte, la servante. Une guerre perpétuelle règne alors dans le ménage ; on n’y voit plus que jalousies, animosités, querelles et souvent batailles. Au moins, quand elles sont seules, il leur est permis quelquefois de dévorer en paix leurs chagrins et de pleurer à l’écart sur les malheurs incurables de leur pitoyable destinée.

Cet état perpétuel d’abjection et de misère auquel les femmes sont réduites les pousse parfois à d’épouvantables extrémités. Les fastes judiciaires de la Chine sont remplis d’événements qui atteignent les dernières limites du tragique. Le nombre des femmes qui se pendent ou se suicident de diverses manières est très-considérable. Quand cet événement se produit dans quelque famille, le mari est, comme de juste, dans la désolation ; car, au bout du compte, il vient d’éprouver subitement une perte assez considérable, et le voilà dans la nécessité d’acheter une autre femme.

On comprend que la dure condition des pauvres femmes chinoises doit se trouver de beaucoup améliorée dans les familles chrétiennes. Comme le fait remarquer monseigneur Gerbet[1], « le christianisme, qui attaque radicalement l’esclavage, par sa doctrine sur la fraternité divine de tous les hommes, combattit d’une manière spéciale l’esclavage des femmes par son dogme de la maternité divine de Marie. Comment les

  1. Keepsake religieux, article Marie, par Monseigneur Gerbet.