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Seigneur qui a créé et qui gouverne toutes choses. Il est le grand Père et Mère de dix mille peuples qui sont sur la terre. Comme les chrétiens seuls adorent ce souverain Seigneur, ce grand Père et Mère, voilà pourquoi il est dit qu’ils forment entre eux une seule famille. Ceux qui ne sont pas chrétiens appartiennent bien aussi, par l’origine, à la même famille, mais ils vivent séparés, ils oublient les principes de l’autorité paternelle et de la piété filiale. — Tout cela est fondé en raison, dirent les juges chinois, voilà la vraie doctrine dans toute sa pureté.

Après cette courte digression théologique, nous revînmes au procès. — Nous autres, dîmes-nous à l’accusé, nous sommes étrangers à l’empire du Milieu, nous y avons vécu un assez grand nombre d’années pour connaître la plupart de vos lois ; cependant il en est, sans doute, beaucoup qui ont dû nous échapper, ainsi réponds-nous suivant ta conscience. En nous envoyant une lettre et un paquet de fruits secs, penses-tu avoir agi contrairement aux lois ? — Je ne le pense pas ; je crois, au contraire, avoir fait une bonne action, et nos lois ne le défendent pas. — Comme tu es un homme du peuple, tu pourrais te tromper et ne pas bien comprendre les lois de l’empire. Nous adressant alors aux magistrats qui siégeaient avec nous, nous leur demandâmes si cet homme avait commis une action répréhensible. Tous répondirent unanimement que sa conduite était digne d’éloges ; et vous, dîmes-nous au nommé Lu, mandarin de Tchoung-king, quelle est votre opinion ? — Il ne peut y avoir aucun doute, l’action de la famille Tchao est vertueuse et sainte. Qui serait assez insensé pour dire le contraire et soutenir qu’elle est répréhensible ? —