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dente. Nous eussions bien désiré aller à pied, mais il nous eût été impossible de garder longtemps l’équilibre sur ce terrain glissant. On nous assura qu’il y avait encore moins de danger à rester dans les palanquins. Les porteurs, ayant l’habitude de ces misérables chemins, nous prièrent de nous confier en la solidité de leurs jambes. Nous comptâmes donc un peu sur eux et beaucoup sur la Providence.

Ces pauvres porteurs avançaient, en s’appuyant comme ils pouvaient sur un bâton ferré qu’ils piquaient de temps en temps dans la vase. Quoique cette manœuvre fût de nature à ralentir leur marche, ils allaient cependant avec tant de vitesse que nous en avions le vertige. Il leur arrivait parfois de faire involontairement quelques entrechats ; alors le palanquin se balançait à droite et à gauche avec indécision et semblait vouloir s’échapper de dessus leurs épaules. La position était, en ces moments-là, peu rassurante, car il ne s’agissait de rien moins que d’aller rouler au fond d’un ravin et de se fracasser les membres contre d’énormes cailloux.

Nous ne quittâmes ces horribles sentiers que pour gravir de rapides collines, dont le sol, également glissant, offrait de grandes difficultés, soit pour monter, soit pour descendre. Dans ces circonstances, pourtant, le danger n’était pas très-sérieux ; les chutes ne pouvaient avoir que le désagrément de retarder la marche. Pour obvier à cet inconvénient, on attachait devant le palanquin deux longues cordes auxquelles on attelait une douzaine d’individus qui faisaient ainsi avancer la machine. Quand il fallait descendre, on plaçait les cordes en sens inverse pour modérer l’impétuosité des porteurs.