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« Tel est l’ordre invariable usité dans les visites entre gens d’une condition presque égale ; on sait bien qu’il doit se modifier suivant une foule de circonstances particulières, telles que le rang, les emplois, l’âge, l’illustration personnelle, etc. On pourrait faire un volume de tout cela, et l’on pense bien que les Chinois n’y ont pas manqué. Au reste, il est plus aisé d’être plus poli à la Chine qu’ailleurs, précisément parce que la politesse y est mieux déterminée, que les règles en a sont plus constantes, et que chacun sait toujours, dans une position donnée, ce qu’il doit faire et dire. C’est une grande gène, sans doute, mais cette gêne a bien sa commodité. »

Le degré d’étiquette que nous avions adopté, d’après le conseil du vice-roi, prescrivait aux visiteurs d’envoyer, par avance, un billet de grande dimension, et de se présenter en grande tenue quand ils étaient admis. Par ce moyen nous pouvions nous soustraire, en toute liberté, aux visites des importuns, sans qu’on pût nous taxer d’impolitesse. Nous fûmes peinés, cependant, de voir que cette mesure éloignait de nous les chrétiens, qu’on se gardait bien d’avertir des conditions exigées pour être reçus. Nous exprimâmes à maître Ting combien nous serions heureux de voir les adorateurs du Seigneur du ciel, et nous le priâmes de mettre, à l’avenir, un peu de bonne volonté pour les faire arriver jusqu’à nous ; mais comme nous pouvions peu compter sur son empressement à nous obliger en cela, nous essayâmes de prendre, de notre côté, quelques mesures efficaces.

La nuit que nous passâmes à Tchoung-king fut mar-