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heureusement corrigées et augmentées un peu au détriment de l’exactitude. Sous prétexte que, depuis cent ans, les Chinois auraient bien pu faire quelques nouvelles découvertes dans l’art culinaire, on a trouvé très-piquant de faire croire au public que leurs aliments étaient préparés à l’huile de ricin, et que leurs mets les plus recherchés étaient des nageoires de requin, des têtes de moineau, des pattes d’oie, des gésiers de poisson, des crêtes de paon, et plusieurs autres friandises de même genre. Il faut vraiment avoir goûté la cuisine chinoise à Canton, à quelques pas des factoreries anglaises, pour avoir rencontré des mets semblables ; du reste, les Européens nouvellement débarqués sur les côtes de la Chine, n’ayant rien de plus pressé que de se faire inviter à quelque dîner chinois, dans l’espérance d’y découvrir des choses surprenantes et extraordinaires, nous sommes assez porté à croire que les marchands de Canton, pour ne pas tromper leur attente, et peut-être assez malins pour s’amuser un peu à leurs dépens, leur servent quelquefois des ragoûts inventés tout exprès pour la circonstance, et qui, probablement, n’ont jamais paru sur une table chinoise. Les paons sont si rares en Chine que nous n’y en avons jamais vu. Les plumes de ces oiseaux sont envoyées à la cour par les royaumes tributaires, et l’empereur les donne, comme une grande faveur, aux plus hauts fonctionnaires, avec le droit de les porter à leur bonnet de cérémonie en guise de décoration. Comment admettre après cela, ces plats de crêtes de paon dans les festins chinois ? Le ricin n’est pas inconnu en Chine, on le cultive en grand dans les provinces septentrionales, mais on n’utilise l’huile qu’on en retire que pour