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qu’amène un petit ruisseau qui descend des collines de l’occident ; elles forment un bassin profond, d’où elles s’épandent en cinq branches, comme les griffes d’un léopard, et, avec elles, des cygnes innombrables qui nagent et se jouent de tous côtés.

« Sur le bord de la première, qui se précipite de cascade en cascade, s’élève un rocher escarpé, dont la cime, recourbée et suspendue en trompe d’éléphant, soutient en l’air un cabinet ouvert pour prendre le frais et voir les rubis dont l’aurore couronne le soleil à son lever.

« La seconde branche se divise, à quelques pas, en deux canaux, qui vont serpentant autour d’une galerie bordée d’une double terrasse en feston, dont les palissades de rosiers et de grenadiers forment le balcon. La branche de l’ouest se replie en arc vers le nord d’un portique isolé, où elle forme une petite île ; les rives de cette île sont couvertes de sable, de coquillages et de cailloux de diverses couleurs ; une partie est plantée d’arbres toujours verts, l’autre est ornée d’une cabane de chaume et de roseaux, comme celles des pêcheurs.

« Les deux autres branches semblent tour à tour se chercher et se fuir en suivant la pente d’une prairie émaillée de fleurs dont elles entretiennent la fraîcheur ; quelquefois elles sortent de leur lit pour former de petites nappes d’eau encadrées dans un tendre gazon ; puis elles quittent le niveau de la prairie et descendent dans des canaux étroits, où elles s’engouffrent et se brisent dans un labyrinthe de rochers qui leur disputent le passage, les font mugir et s’enfuir on écume et