Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussitôt qu’il fut arrivé, nous lui dîmes qu’il avait dû recevoir, de la capitale du Sse-tchouen, une dépêche dans laquelle il était prescrit de nous faire loger dans les koung-kouan, et que nous ne comprenions pas pourquoi on n’avait pas exécuté à Kien-tcheou les ordres du vice-roi ; que, pour plusieurs raisons, nous voulions quitter l’hôtel et aller passer une journée au palais communal ; d’abord pour ne pas laisser établir un mauvais précédent et ne pas donner la tentation de faire ailleurs ce qui avait eu lieu à Kien-tcheou ; ensuite parce que, devant écrire plus tard au vice-roi, pour lui rendre compte de la manière dont nous avions été traités en route, il nous serait pénible d’avoir à lui signaler que, à Kien-tcheou, on n’avait pas exécuté ses ordres. D’ailleurs, ajoutâmes-nous, la route que nous avons à faire est longue et fatigante ; nous avons beaucoup souffert sur le fleuve Bleu, et nous serions bien aises de nous reposer un jour. … Toutes ces raisons étaient excellentes ; mais le préfet ne voyait que les dépenses qu’allait occasionner pendant un jour tout ce nombreux personnel de l’escorte. Il n’osa pas nous donner le véritable motif et nous dire crûment qu’il nous invitait à nous en aller, parce que nous coûtions trop cher ; le procédé eût été inconvenant, et les Chinois ont toujours des façons moins anguleuses ; le mensonge leur va beaucoup mieux. Le préfet nous dit qu’il éprouverait un bonheur infini si nous pouvions rester à Kien-tcheou encore un jour. — Des hommes du grand royaume de France ! On en voit si rarement ! Notre présence, assurément, ne pouvait manquer de porter bonheur à la contrée ; mais le palais communal était inhabitable ; il se trouvait dans un état si hideux, qu’on