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ras lui répondre, si cela te fait plaisir, que c’est parce que tu nous as trompés en nous faisant partir avec de mauvais palanquins que nous n’avions pas choisis, et en supprimant deux porteurs. — C’est vrai ! c’est vrai ! s’écria maître Ting, chez qui les esprits vitaux s’étaient un peu remis en circulation, je me suis bien aperçu, en chemin, que ces palanquins n’étaient pas faits pour des gens de votre qualité. Ce qu’il vous faut à vous, ce sont de beaux et bons palanquins à quatre porteurs ; qui pourrait en douter ? Ce matin j’ai bien remarqué que, dans la maison du juge de paix, il y avait de la confusion ; les choses n’ont pas été faites conformément à la droiture. Le Trésor caché est un homme qui aime le lucre, personne ne l’ignore ; mais pourquoi pousser l’avarice jusqu’à vous fournir des palanquins qui ne sont pas convenables ; c’est faire preuve qu’on tient bien peu à son honneur et à sa réputation. Nous autres nous ne sommes pas des gens de cette espèce ; nous allons nous appliquer à réparer le péché du Trésor caché, nous substituerons de bons palanquins aux mauvais. Ce discours était parfaitement chinois, c’est-à-dire un mensonge d’un bout à l’autre ; vouloir le réfuter eût été se donner de la peine sans résultat. — Seigneur Ting, dîmes-nous, nous savons à quoi nous en tenir au sujet de cette fraude ; du reste, peu nous importe de connaître celui qui a volé l’argent des palanquins ; en aurons-nous d’autres ? voilà la question. — Oui, certainement : est-ce que des personnages comme vous pourraient aller de cette façon ? — Quand les aurons-nous ? — Tout de suite… demain. — Fais bien attention à ce que tu dis ; ne dilate pas ton cœur et tes paroles outre mesure. —