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doucement, il ne faut pas se presser, nous arrangerons tout cela plus tard… Un jour enfin il nous manifesta sa pensée tout entière. — Tenez, nous dit-il, je suis d’avis qu’aujourd’hui nous n’ayons que des paroles conformes à la raison. Il me semble qu’il n’est pas bon pour l’homme de s’abandonner à des préoccupations excessives. Sans doute la religion chrétienne est belle et élevée ; sa doctrine explique, avec méthode et clarté, tout ce qu’il importe à l’homme de savoir. Quiconque a le sens droit la comprend clairement et doit l’adopter dans son cœur en toute sincérité ; mais, après cela, faut-il se trop préoccuper et augmenter les sollicitudes de la vie ? Voyez, nous avons un corps ; que de soins ne demande-t-il pas ! Il faut le vêtir, le nourrir, le mettre à l’abri des injures de l’air ; ses infirmités sont grandes et ses maladies nombreuses ; il est reconnu que la santé est notre bien le plus précieux. Ce corps que nous voyons, que nous touchons, il faut donc le soigner tous les jours, à chaque instant du jour. Devons-nous encore, après cela, nous préoccuper d’une âme que nous ne voyons pas ?… La vie de l’homme est peu longue, et elle est pleine de misères ; elle est composée d’une série d’affaires difficiles et importantes, qui s’enchaînent les unes aux autres sans interruption. Notre esprit et notre cœur ne suffisent pas aux sollicitudes de la vie présente, est-il bon de se tourmenter encore d’une vie future ? — Docteur, lui répondîmes-nous, vous avez dit, en commençant, que nos discours seraient raisonnables : mais prenez garde ; car il arrive souvent qu’on croit entendre la voix de la raison, et ce ne sont que les inspirations des préjugés et de l’habitude. Notre corps est rempli d’infirmi-