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dans l’esprit des Chinois, qu’il leur arrive quelquefois de la manifester avec une étrange naïveté. La religion chrétienne est désignée en Chine par le nom de Tien-tchou-kiao, c’est-à-dire religion du Seigneur du ciel, l’idée de Dieu étant exprimée par le mot Tien-tchou. Un jour nous parlions de religion avec un mandarin supérieur qui paraissait avoir une intelligence d’une assez haute portée. Il nous demanda ce que c’était que le Tien-tchou qu’adoraient les chrétiens, qu’ils invoquaient, et qui avait promis de les rendre riches et heureux d’une manière extraordinaire. — Mais, lui répondîmes-nous, vous êtes un lettré de premier ordre, un homme instruit et qui a lu les livres de notre religion ; nous sommes fort surpris que vous ne sachiez pas ce que c’est que le Tien-tchou des chrétiens. — Vous avez raison, nous dit-il, en portant la main au front, comme pour rappeler des souvenirs évanouis ; vous avez raison, j’avais oublié ce que c’est que le Tien-tchou. — Eh bien, qu’est-ce ? — Oh ! c’est bien connu, le Tien-tchou est l’empereur des Français Nous savons bien que tous les mandarins n’en sont pas là ; mais la conviction à peu près générale, c’est que la politique joue le plus grand rôle dans la propagation du christianisme en Chine, et il nous paraît très-difficile qu’on puisse changer, sur ce point, les idées du gouvernement, et l’amener à accorder aux Chinois une liberté religieuse qui leur serait cependant si nécessaire pour écouter favorablement la prédication de l’Évangile.

Les persécutions incessantes et de tout genre que le gouvernement suscite aux chrétiens sont évidemment un obstacle sérieux et grave à la conversion des Chi-