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chrétienne, trois des principaux jésuites qui étaient à la cour lui adressèrent un placet pour le supplier de revenir sur sa décision et de leur continuer la protection dont ils avaient joui jusqu’à ce jour. Voici ce qu’on trouve à ce sujet dans une lettre du P. de Mailla, datée de Péking : L’empereur ordonna de faire venir les trois pères ; faveur à laquelle aucun de nous ne s’attendait. Lorsqu’ils furent en sa présence, il leur fit un discours de plus d’un quart d’heure ; il parut qu’il l’avait étudié, car il débita fort rapidement tout ce qui pouvait justifier sa conduite à notre égard, et il réfuta les raisons contenues dans le placet. Voici, en détail, ce que Sa Majesté leur dit :

« Le feu empereur, mon père, après m’avoir instruit pendant quarante ans, m’a choisi, préférablement à mes frères, pour lui succéder au trône. Je me fais un point capital de l’imiter et de ne m’éloigner en rien de sa manière de gouverner. Des Européens[1], dans la province de Fo-kien, voulaient anéantir nos lois et troublaient les peuples ; les grands de cette province me les ont déférés, j’ai dû pourvoir au désordre ; c’est une affaire de l’empire, j’en suis chargé, et je ne puis ni ne dois agir maintenant comme je faisais lorsque je n’étais que prince particulier.

« Vous dites que votre loi n’est pas une fausse loi, je le crois ; si je pensais qu’elle fût fausse, qui m’empêcherait de détruire vos églises et de vous chasser ? Les fausses lois sont celles qui, sous prétexte de porter à la vertu, soufflent l’esprit de révolte, comme

  1. Dominicains espagnols établis dans la province de Fo-kien.